Plus de 22 millions de personnes sont sur le point de manquer totalement de nourriture dans cette zone du continent où la situation pourrait s’aggraver au début de cette année 2023. Les communautés nomades sont particulièrement touchées par les pénuries alimentaires et l’inflation des prix.
Du Sud de l’Ethiopie au nord du Kenya, en passant par la Somalie, les pays de la corne de l’Afrique vivent une sècheresse sans précédent. 22 millions de personnes sont menacées par la faim. La sécheresse actuelle dans ces pays est causée par un enchaînement de cinq saisons des pluies défaillantes depuis fin 2020, du jamais vu depuis au moins 40 ans. En manque d’eau, de lait et de nourriture, vivant souvent dans des conditions insalubres, les plus jeunes se retrouvent considérablement affaiblis, leur organisme rendu plus vulnérable aux maladies et leur croissance altérée sur le long terme. « En raison de la sécheresse, mon enfant n’a pas bénéficié d’un service médical approprié. Nous étions trop occupés à faire face à la sécheresse, à sauver le bétail et à penser à la survie de la famille. Tous ces problèmes ont détérioré l’état de mon enfant» explique Dhool Ali Duale.
Selon le Fond des Nations Unies pour l’Enfance (Unicef) près de deux millions d’enfants à travers ces trois pays d’Afrique «Ont besoin d’un traitement urgent contre la malnutrition aiguë sévère, la forme la plus mortelle de la faim». L’organisation onusienne estimait en septembre que 730 enfants étaient morts entre janvier et juillet 2022 dans des centres de nutrition en Somalie, un chiffre qu’elle jugeait probablement inférieur à la réalité. Accompagnés de leurs familles déplacées ou envoyés quotidiennement à la recherche de nourriture, 2,7 millions d’enfants ont par ailleurs quitté l’école et quatre millions d’autres risquent d’abandonner leur scolarité.
Pour l’heure, la Somalie se présente comme le pays le plus sévèrement touché, avec plus de la moitié de sa population affectée mais pour l’instant, aucune famine n’a été officiellement déclarée. «Quand la mère est malnutrie, elle peut donner naissance à un enfant malnutri. Et même après la naissance, la malnutrition peut impacter la production de lait mammaire» déclare Abdulahi Muhammud, directeur médical de l’hôpital de Gode.
La Corne de l’Afrique est une des régions les plus durement touchées par le changement climatique. Depuis 2016, huit des treize saisons des pluies ont été inférieures à la normale, selon les données du Centre d’étude des risques climatiques (Climate Hazards Center), organisme de référence qui regroupe notamment des universitaires et le Réseau des systèmes d’alerte précoce contre la famine (Fews). La dernière famine dans la région, qui avait fait 260.000 morts dont la moitié d’enfants de moins de six ans en Somalie en 2011, avait résulté de deux saisons des pluies insuffisantes consécutives.
À travers la Corne de l’Afrique, les cultures, déjà ravagées par une invasion de criquets, ont été anéanties et les troupeaux, en manque d’eau et de pâturages, décimés. Plus de 9,5 millions de têtes de bétail sont mortes, estimait le Bureau de coordination humanitaire de l’ONU (Ocha) en novembre 2022.