Dans notre Discours sur le Cameroun, Réflexions sur les réalités et les potentialités camerounaises, (Ed. Dianoïa, Paris, janvier 2021, proposition 9), nous écrivons ce qui suit : « La lutte contre les pratiques obscurantistes qui prévalent encore dans la société sous la forme et le prétexte d’être des coutumes et des traditions ancestrales, doit conduire le législateur à produire tous les instruments légaux nécessaires à cette fin, en procédant au préalable à une préparation des esprits à l’accueil des reformes à promouvoir ».
En effet, fondée sur une justification irritante, l’excision des fillettes par exemple, continue d’être pratiquée en toute tranquillité ici et là, dans les villages comme en ville ! Les mêmes fillettes continuent de se voir mariées de force à des hommes plusieurs fois plus âgés et qui les traitent comme des sortes de machines productrices d’enfants ! Tout se passe comme si les gouvernements comptent sur une lente et progressive disparition des exciseuses professionnelles, génération après génération. Des professionnelles fières d’être traitées comme de fidèles gardiennes de la tradition.
Ce serait oublier que des traditions comme celle-là se transmettent toujours d’une mère à, au moins, une de ses filles, tant dans le contexte social fortement intégré du village que dans celui des regroupements dans des quartiers reconstituant les villages en ville ! Ce qui voudrait dire qu’on risque d’attendre longtemps la disparition de l’excision, s’il faut compter uniquement sur la disparition progressive des professionnelles de cet exercice qui se font en plus payer depuis l’avènement de l’économie monétaire.
Quand les exciseuses ont commencé à gagner de l’argent dans cette pratique, on venait de leur offrir un sérieux motif de résistance à sa suppression. Il n’y a pas à tergiverser, la pratique de l’excision comme de toute autre mutilation génitale chez les filles doivent être interdites par la loi, sous peine de sanctions d’emprisonnement. Ceux qui ont lu notre « Essai sur la signification humaine du développement » plus connu sous le titre de « De la médiocrité à l’excellence » se souviennent certainement du chapitre qui traite de la modernité et de la tradition. Il y est dit que toutes les coutumes et les traditions ne sont pas bonnes à conserver quand on se donne comme critère la sauvegarde de l’humain et le motif de progrès. Ce n’est pas sur la base des seules campagnes de sensibilisation ni sur les « Journées internationales de Tolérance zéro pour les Mutilations Génitales Féminines, (GMF) » qu’on pourrait faire disparaître le mal, mais bel et bien sur la base de la publicité qui devrait être faite autour des procès en la matière, seuls susceptibles de faire peur aux téméraires.
Or, pour ne parler que du Cameroun, le bilan des travaux parlementaires, après chaque session, n’énumère, en termes de bilan des lois votées, que des ratifications de conventions internationales signées, en l’absence de lois montrant la préoccupation des gouvernants et des législateurs, par rapport au progrès à réaliser dans la défense des valeurs humaines. Il existe pourtant de nombreux sujets dont les législateurs devraient s’emparer pour manifester une volonté politique de progrès.
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